Chronique Paris-Move Album French Quarter

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“Je sais qu’il y a dans notre communauté des musiciens qui en veulent énormément au groupes de rock. Ils les accusent d’être devenus riches et célèbres en pillant notre culture. J’ai une position différente. Si tous ces groupes sont effectivement devenus riches grâce à nous, ils nous ont aussi ouvert toutes ces portes qui seraient restées fermées pour nous encore longtemps. Et puis il y a des musiciens qui, bien que blancs et européens, jouent aussi bien que les plus grands d’entre nous. Cela en dit long sur l’essence même du blues, qui est une musique de feeling.” (B.B. King) . Les légendes resteront à jamais gravées dans l’histoire, mais les temps ont bien changé au pays de l’oncle Sam. Depuis quelques décennies déjà, le brave John Wayne a remisé ses colts, les ‘ritals’ ont pris possession des grandes plaines de l’ouest pour révolutionner le western, faisant passer tous les hors-la-loi d’antan pour des enfants de coeur. Jamais nous n’oublierons toute la détresse dans ces mains noires, s’exprimant en jouant de la guitare dans les plantations de coton, n’ayant pour échappatoire que le Blues pour se libérer de leurs chaînes. . Les temps ont bien changé, B.B. King avait raison. Désormais, depuis quelques années déjà, des musiciens, bien que blancs et européens, dont font partie nos petits frenchies, excellent dans ce monde du Blues, faisant de cette discipline leur terrain de jeu favori, et ce, bien au delà de nos frontières. Soyons un peu chauvin tout même: cocorico, le coq redore son blason de quelques couleurs bleutées pour ennoblir son plumage. Réjouissons-nous, clamons le haut et fort, nos bluesmen de l’hexagone jouent maintenant dans la cour des grands! Aurélien Morro & The Checkers fait partie de ces groupes considérés comme des formations majeures de la scène Blues française. Rappelons que l’an passé, en 2017, ils ont remporté le challenge Blues français dans le cadre du festival Blues en Loire. . “Depuis 2012, le groupe Aurélien Morro & The Checkers a fait couler de l’encre dans l’hexagone. Les médias du Blues sont unanimes, que des éloges à leur égard, et ce n’est pas dû au hasard, mais à leur indéniable talent et leurs prestations en concerts”. Je reprends mes termes datant de 2016, après avoir assisté à un de leurs concerts, dont les titres de leur premier album ‘Check it out’ sorti en 2015 nous avaient totalement enthousiasmés. Un reportage que vous pouvez retrouver ICI, sur Paris-Move. . Nous sommes en janvier 2018. Aurélien Morro & The Checkers représentent la France à l’International Blues Challenge à Memphis et se frottent à l’élite des musiciens de Blues, mondiaux et américains. Succès amplement mérité, bien sûr, pour notre formation auvergnate qui, avec ce deuxième album ‘French Quarter’ se paye le luxe de venir jouer dans le berceau du Blues. Quel culot, tout de même, vont s’exclamer les plus protectionnistes de nos amis ricains. Et Donald va encore prendre un sérieux coup de Blues au moral avec quelques remontées gastriques! (je ne parle pas de Donald, le neveu de l’oncle Picsou, mais de l’autre, vous l’aurez compris, bien sûr). . Pour ce nouvel album, ‘French Quarter’, la formation de base composée d’Aurélien Morro, guitare et chant, d’Eric Courier à la basse, Frédéric Canifet aux claviers et Miguel Pereira à la batterie, ne fait pas dans la dentelle. Elle enfonce le clou, et s’entoure de prestigieux musiciens. Au gré des 13 titres de l’opus, dont 8 compositions et 5 adaptations de reprises, sont présents pour parfaire cette complicité, Régis Pons à la trompette, Adrien Daguzon au saxophone, Marco Pandolfi à l’harmonica, ainsi que le ‘Blues Shouter’ Max Ferrauto, voix et choeurs. A la première écoute de cette galette, ceux dont je fais partie et pour qui l’essence même du Blues se résume à sa plus simple expression, chant/guitare/harmo, pour que persiste l’âme de cette musique, seront surpris et même, disons-le, quelque peu décontenancés.

Ne faisons pas grise mine, car chez certains d’entre vous, déjà, vos trombines je devine. Ne me regardez de cet oeil noir, je plaisante, car j’aime le Blues sous ses formes. Faisant preuve d’une propre identité, pour que rime modernité, le choix d’Aurélien et de ses Checkers est bien différent.

Chez eux, indociles sont les racines du Blues. Eprises de liberté, elles flirtent avec indécence avec celles de différents styles musicaux. Au fil des compositions ‘Solution’, ‘Funky Loco’, ‘Meant to say goodby’, ‘Don’t want you’, ‘Frenchmen Street’, les racines s’entremêlent et nous incitent au voyage, de la Louisiane au Delta du Mississippi.

Elles se gorgent de notes cuivrées bien jazzy, d’envolées de touches au piano bien boogie, de rondeurs de basse bien funky, de complaintes d’harmo, et de riffs de guitare bien bluesy, acceptant avec complaisance quelques sonorités pop. Jusqu’à l’ivresse, ces racines s’enivrent, à n’en pas douter, ‘French Quarter’ est le fruit de leurs amours. Beau bébé, n’est-ce pas!

Citons également ces deux compositions, ‘Say you’ll still be there’ et ‘ Sad Day’, bien jouissives, sur lesquelles le blues reprend tous ses droits et fusent magistralement les riffs de gratte d’Aurélien Morro. Sur toutes ces compos, comme sur ces adaptations de standards, ‘Bayou Breeze’ de Tab Benoit, ‘Bound for Memphis’ de Javier Vargas, ‘Mo Hippa’ de Jon Cleary, ‘It’s your Thing’ d’Isley Brothers, et ‘For what it’s worth’ de Buffalo Springfield, une place prépondérante est donnée à chacun des instruments pour que chacun des musiciens puisse se donner totalement, laissant libre cours aux talents respectifs des uns et des autres, pour plus de groove encore!

Cet album ‘French Quarter’ est un cocktail explosif, gorgé de blues et de sensations fortes. Alors secouez-moi, secouez-moi, implore le shaker, car la pulpe ne restera pas collée au fond. Savourez ce breuvage, buvez le jusqu’à la lie et sans modération!

Amis lecteurs de Paris-Move, vous ne serez pas à Memphis, moi non plus, alors faites comme moi, j’insiste, procurez-vous cet album ‘French Quarter’! Et lorsque Aurélien Morro & The Checkers joueront en concert près de chez vous, secouez-vous, secouez-vous, allez les découvrir, allez les retrouver, allez les applaudir! . Alain AJ-Blues Rédacteur en chef-adjoint PARIS-MOVE